L’APPROCHE DE M. FETHULLAH GÜLEN SUR LA QUESTION DU TERRORISME
Il ne fait aucun doute que le terrorisme est l’un des plus grands fléaux qui affligent l’humanité. Il menace son avenir, instille la peur et l’inquiétude dans la société, compromet la sécurité des vies et des biens, et sème le chaos et la discorde. Dans le monde d’aujourd’hui, il n’y a pratiquement aucun pays qui n’a pas été touché par le terrorisme. Cependant, surtout depuis les attentats du 11 septembre 2001, les musulmans (!) ont été de plus en plus dépeints comme les auteurs et les sources du terrorisme. Malheureusement, de nos jours, lorsqu’un acte terroriste se produit, les musulmans viennent immédiatement à l’esprit. Bien que l’influence de l’islamophobie dans le monde et les provocations intentionnelles jouent un rôle important dans cette perception, on ne peut nier que certains groupes radicaux qui prétendent agir au nom de l’Islam et certains pseudo-religieux qui émettent des fatwas pour des attentats-suicides ont également contribué à cette perception.
Fethullah Gülen a pris une position claire contre le terrorisme, sans aucun « mais », dès que la question de l’Islam et du terrorisme a été portée à l’attention du monde, et que des organisations radicales comme Al-Qaïda, Daech et Boko Haram ont commencé à commettre des actes terroristes. Peut-être n’y a-t-il pas eu d’autres érudits musulmans qui, dès le début, ont pris une position aussi ferme contre les kamikazes et ont déclaré qu’ils ne pouvaient en aucun cas être associés à l’Islam. Gülen a affirmé catégoriquement : « Un terroriste ne peut pas être musulman, et un musulman ne peut pas être un terroriste » et ce, malgré le risque de devenir la cible de ces organisations.
Contrairement à certains érudits qui ont eu recours à des prétextes, qui ont appelé martyre les kamikazes, qui ont toléré les représailles pour les massacres commis par d’autres, qui ont considéré la faiblesse et l’impuissance de certains pays musulmans comme un prétexte, Gülen a insisté sur le fait que les moyens utilisés dans l’Islam doivent être légitimes, que tuer des gens est considéré comme un crime grave, que les individus n’ont pas le pouvoir de déclencher des conflits, et que même en temps de guerre, il n’est pas permis de tuer des innocents. Il a souligné la nécessité de protéger l’image de l’Islam et s’est toujours opposé au terrorisme ainsi qu’aux attentats-suicides.
Chaque fois qu’un attentat terroriste se produisait en Turquie ou dans d’autres pays, il publiait des messages exprimant ses condoléances aux familles des défunts, d’une part, et condamnant le terrorisme, d’autre part. Ces actions reflétaient sa position inébranlable sur la question.
LÉGITIMITÉ DES MOYENS
Comme mentionné précédemment, la relation entre les moyens et les buts est un sujet souvent abordé par M. Fethullah Gülen dans ses œuvres. Il souligne qu’en plus du but à atteindre, les moyens utilisés doivent également être légitimes. Il fait valoir que l’idée machiavélique consistant à rendre juste tous les moyens d’atteindre un objectif n’est pas compatible avec l’Islam. Selon lui, si une personne veut atteindre le but le plus élevé de l’Islam (qui est de gagner la satisfaction de Dieu) ou se qualifier pour le paradis, elle doit passer par les voies légitimes permises par la religion. S’engager dans des activités telles que le vandalisme, le vol, l’enlèvement, le meurtre, l’attentat kamikaze ou commettre d’autres actes terroristes ne peut pas conduire à une telle finalité, car aucune de ces actions ne peut être justifiée dans l’Islam.
Selon Fethullah Gülen, les individus qui deviennent des kamikazes, même s’ils prétendent agir par désir de rejoindre le paradis, font finalement face à des représailles pour leurs actes. Pour lui, l’Islam n’autorise pas les actes fondamentalement incompatibles avec ses enseignements. Par conséquent, les actes de terrorisme, où des vies innocentes sont enlevées, des bâtiments et des entreprises sont détruits, et des femmes, des enfants, des hommes laissés veufs et orphelins, ne peuvent être justifiés dans le cadre des croyances islamiques.
LE POUVOIR DE DÉCLARER LA GUERRE
Selon l’avis de Fethullah Gülen, il n’est pas non plus possible de considérer de telles attaques terroristes comme du « djihad ». Il déclare : « Aucun musulman ne peut déclarer la guerre de son propre chef. Que son pays soit envahi ou que ses libertés lui soient retirées, il ne peut pas cibler des innocents au nom de la lutte pour la liberté. Une telle compréhension ne peut être conciliée avec la logique musulmane. Dans notre religion, la guerre ne peut être déclarée qu’à l’échelle nationale, organisée par toute la nation et soumise à des règles précises. »
De plus, ces attentats terroristes n’ont aucun lien avec les règles et principes de la loi islamique concernant la guerre. Gülen a fait valoir que l’Islam ne tolérait pas la guerre, soulignant qu’elle était principalement liée à la défense et qu’elle était permise pour empêcher le chaos, l’oppression et la corruption. Il a soutenu que même pendant la guerre, l’Islam imposait des limites strictes, interdisant des actions telles que blesser des chefs religieux qui s’étaient réfugiés dans des lieux de culte, tuer des civils qui n’avaient pas directement participé au conflit, maltraiter les vaincus et endommager les champs cultivés, les vergers, la nature et les biens. Ces règles étaient essentielles dans les enseignements islamiques, et les actes de terrorisme qui violaient ouvertement ces règles n’avaient pas leur place dans l’Islam.
REPRÉSENTATION DE L’ISLAM
Selon M. Fethullah Gülen, les musulmans ont le devoir de représenter dignement l’Islam, de montrer sa beauté aux autres et de le présenter d’une manière attrayante. Cependant, une image faussée de l’Islam est créée lorsque des crimes et des actions sont menés au nom de l’Islam et de la religion. Cela conduit à la croyance que le terrorisme et l’Islam sont synonymes (!). Gülen pense que corriger ce dissentiment de la part de ceux qui pratiquent véritablement l’Islam serait difficile et pourrait nécessiter des années d’efforts. Partant de ce principe, l’idée même que de vrais musulmans soutiennent de telles activités ou s’y engagent est inconcevable.
LES ATTENTATS-SUICIDES
Évaluant le cas du suicide dans l’Islam, Fethullah Gülen déclare qu’il est considéré comme un péché car c’est une violation de la confiance donnée aux Hommes par Dieu et qu’il est donc interdit. Même le désir de mourir en raison de certaines difficultés dans la vie est considéré comme une forme de rébellion contre le décret de Dieu.
Il fait valoir que les attentats-suicides ne diffèrent guère des autres formes de suicide. En fait, il les considère comme étant plus odieux car des individus qui n’ont aucun lien avec l’humanité et qui sont inconscients de l’esprit de la religion se sont suicidés et, ce faisant, ont ôté la vie de nombreuses personnes innocentes. Selon lui, même s’ils le faisaient dans l’espoir d’entrer au paradis, ils devront rendre des comptes dans l’au-delà à toutes les personnes qu’ils ont fait du tort. Par conséquent, il n’y a pas de différence entre les attentats-suicides et les autres formes de suicide.
ORIGINES ET SOLUTIONS AU FLÉAU DU TERRORISME
Comme on peut le comprendre des déclarations de M. Fethullah Gülen concernant le terrorisme, il n’est en aucun cas possible dans les préceptes de l’Islam de soutenir ou d’être une source de terrorisme. Il pointe du doigt la véritable source du terrorisme en ces termes : « Quiconque a sincèrement embrassé l’Islam ne peut entrer sciemment et surtout agir de manière répétée dans le terrorisme. Le terrorisme attribué aux musulmans jusqu’à aujourd’hui a été perpétré, parfois sous l’influence d’âmes superficielles qui n’ont pas pleinement embrassé l’Islam au plus profond d’elles-mêmes.
À mon avis, les musulmans, bien qu’à la traîne en matière de connaissance et de technologie, ne sont pas assez vils et vulgaires pour s’engager dans des actes aussi méprisables. La plupart d’entre eux sont si naïfs que leur esprit ne peut pas comprendre les grands jeux joués sur la scène internationale. Lorsque les véritables raisons du terrorisme sont ignorées, on en vient à mettre tout sur le dos de la religion. En raison des conflits d’intérêts, des rivalités entre factions et cliques, des pratiques antidémocratiques et des violations des droits de l’homme dans le monde musulman, de nombreux groupes mécontents ont émergé. La plupart d’entre eux sont de nature à être facilement influencé.
De plus, certaines organisations au niveau supranational fondent tous leurs plans sur la destruction, suscitant constamment des troubles dans le monde élargissant ainsi leurs domaines d’action et d’activité. Si l’on ne prend pas en compte ces facteurs, même si certains des aspects négatifs qui sont présentés comme les causes du terrorisme sont éliminés, le comportement maléfique continuera d’exister sous un autre nom. Nonobstant, ceux qui cherchent l’occasion d’attribuer tous les aspects négatifs à la religion, en particulier à l’Islam, et ceux qui adoptent de telles attitudes parce que leurs intérêts l’exigent, n’ont jamais vu et ne verront jamais cette évidence ».
Fethullah Gülen a non seulement mentionné les causes du terrorisme, mais a également invité les musulmans à un examen de conscience et a suggéré l’élimination des facteurs qui pourraient indirectement préparer le terrain pour l’émergence de groupes radicaux : « En tant que musulmans, à cette occasion, nous devrions revoir notre compréhension et notre pratique de l’Islam à la lumière des conditions de notre temps et des interprétations faites par les savants contemporains. Le but n’est pas de se déconnecter de la tradition islamique ; au contraire, il s’agit de prendre conscience des déviations possibles, de s’en débarrasser et de s’accrocher à l’esprit et à l’essence du Coran et de la Sunna, que les justes prédécesseurs ont toujours poursuivis. Nous devons marginaliser les interprétations des sources religieuses qui ont été utilisées comme un moyen à d’autres fins en étant dissociées de leurs contextes et de leurs conditions.
Les érudits, les intellectuels et les penseurs musulmans devraient encourager une approche globale des sources religieuses. Nous devrions être en mesure de reconsidérer les décrets pris à des époques où les appartenances politiques et religieuses se chevauchaient et où les conflits se poursuivaient constamment. Nous devons faire revivre l’esprit de la liberté intellectuelle qui a permis une renaissance pour les musulmans à une certaine époque, en restant fidèles à l’esprit de la religion. Ce n’est qu’en agissant ainsi que nous pouvons lutter contre le radicalisme et le terrorisme qui ont un penchant pour la violence. »
Par ces expressions, M. Fethullah Gülen s’est opposé à l’exploitation et à l’interprétation erronée de l’Islam par des groupes radicaux et indique comment agir sur cette question. Il souligne également les mesures sociologiques et pédagogiques qui doivent être prises pour prévenir le terrorisme :
« Nous devons identifier rapidement les jeunes qui sont perdus au sein de notre société et mettre en place des infrastructures qui les empêcheront de se lancer dans des aventures dangereuses et fournir un soutien aux familles par le biais de conseils et d’autres services. Nous devons nous engager dans une coopération positive avec les États dont nous sommes citoyens et exprimer nos idées lors de réunions où les plans de lutte contre le terrorisme sont discutés. Nous devons apprendre à nos jeunes à exprimer leurs idées de manière démocratique. Il est important d’introduire les valeurs démocratiques dès le plus jeune âge dans les programmes scolaires pour le bien des générations futures. »
Cet article a été publié sur le compte officiel X du théologien Dr. Yüksel Çayıroglu et traduit en Français par Cohésions.