Naissance et famille

M. Fethullah Gülen est né le 11 novembre 1938 dans le village de Korucuk, dans le district de Pasinler à Erzurum. Cependant, en raison des conditions de l’époque, sa déclaration de naissance à l’état civil a été effectué tardivement, fixant ainsi sa date de naissance officielle au 27 avril 1941. Sa mère, Refia Gülen, était l’enseignante de cours coraniques du village, tandis que son père, Ramiz Gülen, était imam. Hocaefendi* a sept frères et sœurs, cinq garçons et deux filles. Hocaefendi est l’aîné parmi ses frères.

Son enfance et son parcours éducatif

Hocaefendi a passé son enfance dans le village de Korucuk, où il a commencé l’école primaire en 1946. Cependant, en 1949, son père a dû quitter le village pour Alvar à la demande d’Alvarlı Efe (grand Maître Soufi de l’époque), interrompant ainsi ses études primaires, qu’il a ensuite achevées grâce un examen externe en 1958. Pendant son séjour à Alvar, il se rendait à Hasankale à pied durant deux étés (8 km) pour y suivre des cours de sciences coraniques (psalmodie & tajwîd). Vers la fin de l’année 1952, il rejoint Erzurum, où il y passa plus de six ans pour compléter son cursus d’éducation religieuse.

Sa rencontre avec les Risale-i Nur (Traité de Lumière)

Pendant ses années d’études à Erzurum, M. Fethullah Gülen a été initié aux œuvres des Risale-i Nur, découvrant ainsi les idées de Bediüzzaman Said Nursi et en étant profondément captivé. C’est grâce à Mehmet Kırkıncı qu’il a eu cette opportunité. En 1956, Hocaefendi a fait la connaissance de Mehmet Kırkıncı et a commencé à participer à ses cours hebdomadaires sur les Risale-i Nur. L’arrivée à Erzurum, au cours de la même année, de Muzaffer Arslan, disciple de Bediüzzaman, et la participation de Hocaefendi à ses cours ont profondément marqué son esprit.

Vers de nouvelles responsabilités

Après Erzurum, ville très conservatrice, le prochain arrêt de Hocaefendi fut Edirne, où la pratique religieuse était moins prédominante en comparaison avec l’est du pays. Bien qu’il soit initialement parti à Edirne uniquement pour remplir ses fonctions pendant le mois de Ramadan, il y est resté de 1959 à 1965, exerçant les fonctions d’imam, de prédicateur et d’enseignant de cours coraniques. Il a également effectué son service militaire à Edirne en 1961 et l’a terminé en 1963. En raison de problèmes de santé pendant son service militaire, il a bénéficié de congés et n’a pu retourner à Erzurum qu’après quatre ans.

Le 31 mars 1965, il a été affecté en tant qu’imam principal à Kırklareli, entamant ainsi une nouvelle étape dans son parcours. Il donnait des sermons à la mosquée Hızırbey les vendredis, pendant les fêtes et durant le mois de Ramadan avant la prière du soir. En outre, il prononçait des sermons dans d’autres mosquées pour les femmes certains jours.

Les années Izmir

Cependant, son séjour dans cette ville est de courte durée. Après avoir servi pendant environ huit mois, il a déménagé à Izmir en 1966 sur l’insistance de son mentor Yaşar Tunagür, qui était le vice-président des affaires religieuses. Son rôle est alors celui de prédicateur du centre d’Izmir. Parallèlement à ses fonctions de prédicateur, il a travaillé comme enseignant et administrateur bénévole à l’école coranique de l’association Kestanepazarı jusqu’en 1971.

Au cours de cette période, la Diyanet (Présidence des affaires religieuses) lui confie quelques missions à l’étranger. En 1968, il est envoyé en pèlerinage avec le mufti de Denizli et d’Eskişehir pour préparer un rapport sur les travaux d’amélioration à effectuer en faveur des pèlerins. Une autre de ses missions à l’étranger s’est déroulée en Allemagne. À la demande des travailleurs turcs installés en Allaemagne, la Présidence des affaires religieuses a envoyé Gülen en Allemagne en 1977. Il prononce des sermons et donne des conférences dans différentes villes d’Allemagne.

Durant son séjour à Izmir, en plus de ses responsabilités habituelles, il a animé des discussions dans des cafés, visité diverses provinces et districts de la région égéenne pour prêcher, et a donné des conférences dans différentes provinces de Turquie en 1975-1976.

Le putsch du 12 mars 1971

M. Fethullah Gülen fut l’une des victimes du putsch du 12 mars 1971, l’un des événements marquants de l’histoire contemporaine de la Turquie. Le 3 mai, Hocaefendi fut arrêté sur la base d’une accusation vague et sujette à interprétation en vertu de l’article 163 du Code pénal turc. Après avoir été détenu pendant 6,5 mois, il fut libéré le 9 novembre. Le fait qu’aucune preuve concrète, en dehors de la lecture de livres religieux par Hocaefendi et ses camarades, n’ait été trouvée dans l’acte d’accusation de 33 pages montre que ce procès était politique. En effet, un des architectes de la loi martiale de l’époque lui aurait même dit : “Nous avons incarcéré certains gauchistes, nous devions également faire de même pour certaines personnes de votre bord.”

Après sa libération, il demande un poste au Diyanet, mais il ne reçoit pas de réponse favorable en raison de la loi martiale et retourne donc à Erzurum. Après un court séjour, il retourne à Izmir et commence à prêcher dans les mosquées de Salepçioğlu et d’Alsancak. Lorsque la loi martiale fait pression sur le Diyanet pour lui interdire de prêcher et l’expulser d’Izmir, il demande à être transféré à Edremit, bien qu’il n’ait aucune intention de partir, et est nommé prédicateur central d’Edremit le 23 février 1972. Cependant, comme il ne voulait pas quitter Izmir après sa nomination, il continua à y rester. Plus tard, il ne peut résister aux offres insistantes de Hacı Arif Çağan, le mufti d’Edremit et l’un des notables d’Edremit, et prend ses nouvelles fonctions. Son mandat a duré deux ans.

Après Edremit, la nouvelle adresse de Hocaefendi en tant que prédicateur fut Manisa, où il fut nommé le 29 juin 1974. Avant de se rendre à Manisa, il rendit visite à ses parents à Erzurum. Son père est décédé le 20 septembre 1974, une semaine après son départ d’Erzurum pour Manisa, son nouveau lieu de travail. Son mandat à Manisa a également duré deux ans et, le 28 septembre 1976, il a été transféré à Bornova, Izmir. Entre 1972 et 1976, tout en continuant à prêcher périodiquement à Edremit et à Manisa, il continue à résider à Izmir.